Regarder danser les enfants

Les enfants ne marchent pas : ils dansent.

Sur les trottoirs, leurs parents marchent posément, d'un pas régulier, comme tous les parents,
comme tous les adultes.

Mais les enfants, derrière ou devant, sautillent, font demi-tour, marchent à reculons, repartent en courant,
dessinent des arabesques, au gré de leur fantaisie, de leur imagination.
Ils dansent sans réfléchir, c'est une inspiration, une respiration, leurs pieds dansent,
leurs jambes dansent, leurs bras suivent le mouvement.

Regarder danser les enfants est l'un des plus beaux cadeaux de la vie.
Il y a un tel bonheur, une telle liberté, leur danse obéit à une mélodie silencieuse qu'ils sont les seuls à entendre,
qui donne le rythme à tout leur corsp, qui leur donne envie de sauter, d'inventer, d'habiter le monde comme de
petits elfes tout droit sortis des contes et comptines.

Nous autres, les adultes, avons désappris cette danse, nous sommes passés de l'autre côté, sans retour possible ;
nous n'entendons plus la musique, nous n'habitons plus les contes et comptines.
Alors, nous regardons danser les enfants. Et les supplions secrètement de danser le plus longtemps possible,
de continuer le plus tard possible, pour enchanter nos écoles, pour enchanter nos vies.

Albet Rémont - La Croix - 12/09/2019